Vibrio pathogènes : un risque à maîtriser grâce à des méthodes d’analyse fiables et adaptées
Les Vibrio sont des bactéries halophiles, c’est-à-dire vivant dans les milieux salés, présentes principalement dans les eaux estuaires, côtières mais aussi douces ou saumâtres des zones tempérées ou tropicales. Elles vont donc préférentiellement contaminer les produits de la pêche ou des activités conchylicoles (différentes cultures des coquillages).
Parmi les 162 espèces existantes, seules 3 sont à l’heure actuelle prises en compte dans le cadre des analyses et des recommandations en France [1] [2] pour leur caractère pathogène vis-à-vis de l’être humain.
Des impacts sanitaires modérés mais variables
Les 3 espèces de Vibrio principalement impliquées dans des intoxications sont responsables de troubles allant majoritairement de diarrhées plus ou moins sévères (V. parahaemolyticus et V. cholerae) à des cas de septicémies (V. vulnificus) ou encore de choléra. Des complications peuvent notamment survenir et représenter dans les pires des cas jusqu’à 75% de létalité [3] !
Sur le territoire français l’impact sanitaire reste faible. Santé Publique France [4] ne recense en 2020 que 4 TIAC (Toxi-Infection Alimentaire Collective) liées à Vibrio parahaemolyticus, soit 0.4% des cas. Au niveau de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), les pourcentages de TIAC liées aux Vibrio sont similaires. Cependant, en 2019, jusqu’à 40% des personnes touchées par des TIAC ont été hospitalisées. De plus, en 2021, des souches de Vibrio cholerae non toxinogènes ont été mises en évidence pour la première fois dans le cas d’une TIAC grave.
Des voies de contaminations variées et atypiques
Les Vibrio cholerae des sérogroupes O1 ou O139, agents du choléra, sont majoritairement liés à des cas de contaminations humain à humain, d’ingestion d’eau contaminée ou de consommation d’aliments contaminés par l’eau.
Pour Vibrio parahaemolyticus et Vibrio cholerae non O1 ou O139, les principales voies de contaminations sont les crustacés, mollusques et autres produits de la pêche. Cependant des cas liés à la consommation d’algues marines, produits traiteurs, fruits ou crudités ont déjà aussi entrainé des TIAC.
Pour Vibrio vulnificus, les contaminations alimentaires sont rares, la transmission s’effectue plus par voies cutanées (ex : blessures lors de la manipulation de coquillages contaminés).
Le RASFF (Rapid Alert System for Food and Feed, système d'alerte qui signale les problèmes relatifs aux produits agroalimentaires dans l'Union Européenne) recense, entre 2000 et 2022, 316 notifications concernant Vibrio, soit 2.5% de toutes les notifications concernant les microorganismes pathogènes. Les denrées alimentaires les plus concernées sont les crustacés (80% des cas), les mollusques (environ 12%) et les poissons (environ 8%). Près de 6% de ces cas concernent des produits cuits.
Dans son bilan de la surveillance de la contamination des produits de la pêche et des mollusques bivalves par les Vibrio spp de 2019 [5], la DGAL n’a pas mis en évidence de Vibrio pathogènes sur 95 échantillons de crustacés et de coquillages crus ou cuits. Par contre, sur les mollusques bivalves vivants (92 échantillons), la présence de Vibrio parahaemolyticus pathogènes a été mise en évidence dans 55% des cas et Vibrio vulnificus dans 12%. Ces taux de portage très élevés ne se retranscrivent cependant pas sous forme de TIAC dans les coquillages, certains facteurs encore non connus en sont potentiellement la cause (sensibilité de l’hôte, niveau de contamination, etc.).
L'Organisation Mondiale de la Santé [6] apporte un bilan actualisé en 2020 sur Vibrio et précise notamment des points d’attention pour la maitrise des contaminations et leur évolution.
Des solutions analytiques fiables et adaptées pour maîtriser le risque
Ces microorganismes ne font pas l’objet de critères décrits dans le Règlement (CE) n°2073/2005.
Notre laboratoire de Nantes vous propose la mise en œuvre de la méthode de référence NF EN ISO 21872-1 jusqu’à l’étape de la détermination de l’espèce.
Les laboratoires de microbiologie des aliments Eurofins proposent une large gamme d’analyses ainsi que des prestations de conseil (optimisation des plans de contrôle, accompagnement en gestion de crise). Cela vous permet d’évaluer la prévalence de ces pathogènes. Les objectifs sont la maîtrise de la sécurité des aliments pour les consommateurs et le respect des réglementations et des normes de qualité.
Un caractère pathogène obtenu en 1 ou 2 étapes
Le caractère pathogène des Vibrio peut dépendre d’éléments complémentaires au-delà de la détection de l’espèce dans 25g :
Pour Vibrio vulnificus, toutes les souches sont actuellement et par défaut considérées comme pathogènes.
Pour Vibrio parahaemolyticus, les souches doivent disposer des gènes codant pour l'une des deux hémolysines (TDH et TRH) produites dans l’intestin humain et qui sont responsables de l’intoxication.
Pour Vibrio cholerae, il faut effectuer la détermination du sérogroupe :
- Pour les souches non-O1 et non-O139, il faut rechercher les gènes codant pour la toxine cholérique. Attention : comme cité précédemment, en 2021, un cas sans présence de ce gène a entrainé une TIAC dans l’UE.
- Pour les souches de sérogroupe O1 ou O139 : le caractère pathogène est avéré.
Pour en savoir plus vous pouvez contacter votre interlocuteur Eurofins habituel ou AgroAlimentaireFr@eurofins.com
Sources :
[1] DGAL (2019). – Instruction technique DGAL/SDSSA/2019-486 - Jugement de conformité des lots de produits de la pêche et de coquillages vivants trouvés contaminés par des Vibrio suite à des contrôles officiels. Available at: https://info.agriculture.gouv.fr/gedei/site/bo-agri/instruction-2019-486
[2] DGAL (2023). – Instruction technique DGAL/SDSSA/2023-11 - Révision et publication du Guide d’aide à la gestion des alertes d'origine alimentaire à l’usage des exploitants du secteur alimentaire et de l’administration. Available at: https://info.agriculture.gouv.fr/gedei/site/bo-agri/instruction-2023-11.
[3] ANSES (2020) Fiche de description de danger biologique transmissible par les aliments : Vibrions entéropathogènes : Vibrio parahaemolyticus, Vibrio cholerae non-O1/ non-O139 et Vibrio vulnificus. Available at https://www.anses.fr/fr/content/fiche-de-description-de-danger-biologique-transmissible-par-les-aliments-vibrions
[4] Santé Publique France (2021). – Surveillance des Toix-infections alimentaires collectives (TIAC). Données de la déclaration obligatoire, 2020. Available at: https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-infectieuses-d-origine-alimentaire/toxi-infections-alimentaires-collectives/documents/bulletin-national/surveillance-des-toxi-infections-alimentaires-collectives.-donnees-de-la-declaration-obligatoire-2020
[5] DGAL (2020). – Bilan de la campagne 2019 des PSPC. Available at : https://info.agriculture.gouv.fr/gedei/site/bo-agri/instruction-2020-703
[6] World Health Organization (2020) – Risk assessment tools for Vibrio paraheamolyticus and Vibrio vulnificus associated with seafood. Available at: https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/330867/9789240000186-eng.pdf?sequence=1&isAllowed=y