Avis de l'ANSES sur les effets sanitaires d'un type d'amiante
En décembre 2015, l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a publié un avis intitulé « Effets sanitaires et identification des fragments de clivage amphiboles issus des matériaux de carrière ». Cet avis fait suite à la problématique des fibres d'amiante dans les granulats d'enrobés routiers.
L'ANSES rappelle que le terme amiante fait référence à 6 minéraux présents naturellement dans certaines roches. On distingue 2 familles :
- Les serpentines, dont le chrysotile fait partie.
- Les amphiboles qui constituent une famille minéralogique très vaste. Seules 5 amphiboles sont répertoriées comme amiante et réglementées, et elles le sont uniquement quand elles présentent un faciès asbestiforme* : l'actinolite-amiante, l'anthophyllite-amiante, la trémolite-amiante, l'amosite et la crocidolite.
- que les particules minérales allongées (PMA) provenant des 5 amphiboles réglementaires (à faciès asbestiformes) ne soient pas différenciées de leurs homologues non asbestiformes.
- que la réglementation amiante soit applicable à toutes les particules minérales allongées des 5 amphiboles actuellement
réglementées et pas seulement aux particules asbestiformes. Les critères de définition de ces particules minérales allongées d'amphiboles reprennent les critères dimensionnels définis par l'OMS (voir note en fin de document). - qu'il soit ajouté dans la réglementation de nouvelles variétés minéralogiques d'amphiboles fibreuses et de zéolite (la
fluoro-édénite, l'érionite, la winchite et la richtérite) qui présentent des risques similaires aux fibres d'amiante et ne sont pas aujourd'hui considérées comme amiantes.
Source : avis de l'ANSES p.4 « Effets sanitaires et identification des fragments
de clivage d'amphiboles issus de matériaux de carrières », décembre 2015
* Qu'est-ce qu'un faciès asbestiforme ?
Dans l'environnement naturel, les amphiboles peuvent se présenter sous différentes morphologies ou faciès : asbestiforme ou non asbestiforme. Le faciès asbestiforme résulte de la croissance unidirectionnelle (fibres fines et longues) du minéral dans la roche lui conférant des propriétés exceptionnelles. Seuls les faciès asbestiformes de certains minéraux amphiboles (citésci-dessus) ont été exploités à l'échelle industrielle et rentrent dans le cadre de la réglementation amiante. Toutefois, certains minéraux amphiboles non asbestiformes sont susceptibles, sous l'effet d'une contrainte mécanique, de générer des particules minérales appelées « fragments de clivage » qui présentent les mêmes caractéristiques dimensionnelles que leurs homologues les fibres d'amiante (asbestiformes). Ces variétés sont dites non asbestiformes et n'ont pas les propriétés des amiantes, ce sont des particules massives et peu allongées.
Les critères actuels de la norme NF X 43-050 appliqués aujourd'hui dans les laboratoires d'analyse ne permettent pas de faire la différence entre les deux variétés, qui présentent les mêmes critères chimiques, cristallographiques et dimensionnels. Il n'existe pas de méthode analytique fiable applicable en routine pour effectuer une telle différenciation.